Je suis luthier professionnel installé en Belgique depuis 1985.
Entré la première fois dans un atelier de facture instrumentale en 1974 j'ai suivi un apprentissage long et riche aussi bien en ateliers qu'en école de lutherie. Cela fera bientôt près de 40 ans que j'œuvre au service des musiciens.
Ma formation
Facture de clavecins & clavicordes
Dans le cadre de l’apprentissage de la facture de clavecins et clavicordes dans l’Atelier de Jean Tournay, j’ai participé à la construction de nombreux instruments en tant que membre de l’équipe internationale (suisse, allemand, français, anglais) travaillant pour Jean Tournay. J’y ai acquis toutes les étapes de la construction de ce type d’instruments depuis le relevé en musées jusqu’à la décoration finale de l’instrument. Seule l’harmonisation des becs de sautereaux était réservée exclusivement à Jean Tournay. Au cours des six années dans cet atelier, j’ai notamment acquis la fine maîtrise de l’affûtage. Cette période m’a permis d’entendre les desiderata de musiciens de renom. Mon oreille a également été formée à la musique lors des nombreux concerts organisés tant dans l’atelier qu’à l’extérieur.
Construction d’instruments baroques
J’ai ensuite débuté ma carrière de luthier par la construction de violes de gambe, de luths renaissance, baroque, théorbé et de violoncelles baroques. Les connaissances acquises au contact des instruments baroques ont nourri la façon d’aborder la méthode de construction des violons utilisée par les maîtres crémonais de la période baroque.
Réparation et restauration des instruments
Dans l’atelier de Sandra Wagstaff, et sous sa direction, j’ai acquis les bases de la réparation des instruments du quatuor ainsi que de leurs archets. J’ai été sensibilisé à la philosophie sous-jacente aux décisions à prendre lors de restauration dans le respect des instruments. J’y ai également fait mes premiers pas dans les techniques de retouche de vernis. La clientèle de Sandra Wagstaff étant majoritairement anglophone, j’y ai acquis le vocabulaire de lutherie en anglais qui m’a ouvert ensuite les portes de l’école du Pays de Galles que j’ai fréquenté et où j’ai complété mes connaissances en construction, réparation et en restauration.
Construction des instruments du quatuor à cordes
C’est à la Welsch School of Violin Making & Repair* que j’ai appris la lutherie classique. Au cours de cette formation, j’ai construit 5 violons, 2 violoncelles et un alto. Tout au long de ma carrière, j’ai ensuite construit, en grande majorité des violons, sur base de différents modèles issus de la grande période crémonaise. J’ai utilisé des modèles de la famille Amati, Stradivari et Garnerius del Gesu. Actuellement, je travaille principalement pour des musiciens professionnels.
* "The Welsh School of Violin Making was founded shortly after Newark and was killed off in the mid-1990s. Over the years I have met and worked with phenomenal makers and restorers who were trained at either of these. They all made a huge contribution to our rich cultural tapestry, drawing students to study in the UK from all over the world and their graduates have made an enormous impact on musical life everywhere."
Benjamin Herbert, violin dealer, expert, lecturer and writer, chairman of the British Violin Makers Association since 2016.
Archèterie
Je ne construis pas d’archet. Par contre, outre leur entretien courant (méchage, plaquette, garniture, nacre, etc.), je les restaure : brisure de tête, restauration complète de hausse, restauration des brisures de talon. Pour les réparations de tête, j’ai développé une méthode innovante alliant bois et matériaux composites permettant la réalisation de réparations qui autrefois donnaient des résultats aléatoires et peu pérennes. Pour les talons d’archet gravement endommagé, j’ai développé une méthode innovante permettant de réparer l’archet tout en conservant son estampille.
Dendrochronologie
Ma connaissance des bois acquises à l’UCL auprès des professeurs Avella (Phytotechnique) et Gilbert (département EFOR, Xylothèque et herbarium UCLouvain) m’a conduit à utiliser les outils et bases de données de dendrochronologie comme aide à l’authentification de certains instruments.
Vernis
Lors de mes études au Pays de Galles, j’ai également fait des recherches et de nombreuses expérimentations de vernis de tous types. Tout au long de ma carrière, j’ai affiné la recette et sa méthode d’application. Le vernis est une « signature » identifiant esthétiquement les instruments. Il apporte la touche finale. Il a une fonction esthétique. Mais, s’il est également protecteur, il a une part importante dans la qualité sonore des instruments. La texture et le comportement dans la durée sont primordiaux pour une maturation harmonieuse des instruments.
Réglage
Ma réputation de réglage amène dans mon atelier des musiciens professionnels qui viennent spécifiquement pour ce service.
Le regard de Alain Geirnaert, photographe.
Parce qu'il n'y a pas de hasard